Souvent, nous sous-estimons l’importance d’une intelligence discrète mais essentielle pour naviguer dans ce monde : l’intelligence émotionnelle.
Et si nos émotions étaient notre plus grande force ?
L'intelligence émotionnelle, ce trésor caché…
Nous vivons dans une époque où la performance individuelle est célébrée :
exploit sportif
diplômes
titres, promotions
reconnaissance, nombres d'abonnés
salaires
...
Mais dans quel intérêt ?
L'intelligence émotionnelle est un trésor caché fondamentale dans nos relations avec les autres et avec nous-mêmes. Pourtant cette compétence reste en retrait dans nos priorités, reléguée par des objectifs purement rationnels.
Et si c’était là une grave erreur ?
Et si au contraire, discerner, accueillir, accepter et comprendre nos émotions n’étaient pas notre plus grande richesse et un trésor inestimable pour naviguer à vue dans ce monde de faux-semblant ?
Qu’est-ce que l’intelligence émotionnelle ?
Daniel Goleman définit l’intelligence émotionnelle comme la capacité à reconnaître, comprendre et gérer ses propres émotions, tout en étant capable de percevoir et d’influencer celles des autres.
Elle repose sur cinq piliers :
Conscience de soi : reconnaître et comprendre ses propres émotions.
Maîtrise de soi : agir de façon réfléchie, même sous le coup d’une émotion intense.
motivation intrinsèque : trouver sa source d’énergie dans des valeurs profondes.
empathie : comprendre les émotions des autres et ajuster son comportement.
compétences sociales : créer des relations authentiques et respectueuses.
A quoi sert-elle ?
Une étude menée par Mayer et Salovey (1997) démontrent que les individus ayant une intelligence émotionnelle élevée sont mieux équipés pour gérer des conflits interpersonnels.
Ces personnes présentent une meilleure résilience face aux événements de la vie et développent plus facilement des relations de confiance avec autrui.
Prenons un exemple concret : un manager confronté à une équipe stressée par des délais impossibles à assumer.
Un manager avec une faible intelligence émotionnelle impose plus de pression aux membres de son équipe pour respecter les engagements. Son attitude ne fait qu’aggraver la situation.
À l’inverse, un manager émotionnellement intelligent sait reconnaître la peur de ses collaborateurs. Il se sert de ses émotions pour favoriser la collaboration, la motivation et l’engagement de leurs équipes.
Les équipes dirigées par des leaders avec une forte intelligence émotionnelle enregistrent une productivité 25 % supérieure.
Sauver nos rapports aux autres
Au-delà des apports professionnels, l’intelligence émotionnelle est fondamentale dans nos relations aux autres et notamment amoureuses.
Elle peut sauver des relations.
Une étude publiée dans Emotion (2011) a révélé que les couples capables de détecter et de réguler ensemble leurs émotions ont une satisfaction relationnelle beaucoup plus élevée que ceux qui se laissent emporter par leurs émotions négatives.
En d'autres termes, l’intelligence émotionnelle est un remède contre les conflits mal-gérés et un moteur de connexions authentiques.
Malgré tout, l’intelligence émotionnelle reste sous-utilisée, la faute souvent à des mythes culturels et de fausses croyances.
La culture de la force
Notre société valorise le pouvoir et la maîtrise.
Dans Par-delà le bien et le mal, Nietzsche critique le ressentiment :
une forme d’amertume et d’incapacité à s’affirmer qui pousse certains individus à chercher la domination sur autrui.
Pour lui, cette domination n’est pas un signe de force, mais plutôt une réponse à une faiblesse, une manière de compenser une incapacité à se réaliser pleinement.
Insécurité intérieure
Cette analyse trouve un écho dans les idées de penseurs modernes.
Alfred Adler explique comment certains comportements de domination naissent d’un sentiment profond d’insécurité ou d’inadéquation.
C’est ce qu’il va théoriser avec le fameux complexe d’infériorité.
Certains vont même plus loin en liant la soif de pouvoir à une peur existentielle :
" Le besoin de contrôler les autres serait une tentative désespérée de fuir l’angoisse de l’isolement et du vide intérieur. " - Erich Fromm
L’intelligence émotionnelle, en aidant chacun à comprendre et apprivoiser son vide intérieur supprime ces comportements destructeurs.
Accepter ses émotions
De plus, elle ouvre également un espace pour la créativité, l’authenticité et une forme de liberté émotionnelle.
Une étude de Kraus et al. (2010) révèle d’ailleurs que les personnes en position de pouvoir sont souvent moins empathiques, car elles privilégient leurs propres émotions et perspectives, négligeant celles des autres.
Cela crée un cercle vicieux où l’autorité repose sur l’imposition, et non sur la compréhension.
Et si, au lieu de chercher à dominer ou contrôler, nous apprenions à comprendre et canaliser nos émotions ?
Être honnête avec soi-même
« Une vie sans examen ne vaut pas la peine d’être vécue. » - Socrate
Être honnête avec soi-même, c’est accepter de regarder en face ses peurs, désirs ou contradictions.
L’intelligence émotionnelle apporte le courage de mener cette introspection et d’opérer des choix alignés avec ses valeurs profondes.
Ce processus de libération intérieure est souvent inconfortable mais infiniment gratifiant.
« Tant que vous ne rendrez pas l'inconscient conscient, il dirigera votre vie et vous appellerez ça le destin. » - Carl Jung
Apprendre à se questionner
Nos comportements sont souvent dirigés par des mécanismes inconscients se manifestant notamment dans des schémas répétitifs :
Nous attirons les mêmes types de relations toxiques
Nous sabotons nos propres projets par peur de l’échec
Nous reproduisons des comportements dysfonctionnels
De ce fait, l’intelligence émotionnelle nous invite à questionner ces répétitions.
En nous connectant à nos émotions, nous effleurons du doigt les blessures ou les croyances sous-jacentes qui influencent nos choix.
Ce travail de mise en lumière est essentiel pour reprendre les rênes de notre vie et cesser de confondre le poids de l’inconscient avec une "fatalité".
Développer son pourquoi
Comme le dit Nietzsche « celui qui a un pourquoi peut endurer n’importe quel comment »
L’intelligence émotionnelle est ce « pourquoi » : une boussole interne qui nous guide dans nos relations, nos choix et nos défis.
Mais alors, comment développer son intelligence émotionnelle ?
Beaucoup de méthodes et d’outils peuvent permettre d’améliorer ses capacités émotionnelles. L’important est de trouver ceux qui vous conviennent.
L’écriture en fait partie et offre à son écrivain une opportunité de prendre du recul sur ses ressentis pour mieux les analyser et accepter. L’empathie ou l’aptitude à se mettre à la place d’autrui reste également un moyen efficace de muscler ses capacités émotionnelles.
Enfin, l’écrivain Ken Wilber a mis au point un exercice pratique à instaurer au quotidien.
Déconstruire nos schémas de pensées
Celui-ci se nomme l’exercice 3-2-1 et met l’accent sur nos "ombres" c’est-à-dire les aspects de nous-mêmes qu'on refoule et qui ressortent sous forme de colère, de peurs ou de jugements.
Le principe est d’inverser le processus de création d'une ombre pour remonter à la source :
J’ai une envie ou une émotion que je ne peux pas exprimer
Je la projette sur quelqu'un : « tu fais toujours des reproches »
Puis je généralise : « les gens sont relous, ils font toujours des reproches »
Traiter l'information différemment
L’idée est de partir du schéma de pensée inverse.
3. On part du jugement généraliste : « les gens sont relous, ils font toujours des reproches »
2. On engage un dialogue imaginaire : « pourquoi ne sont-ils pas plus détendus ? Parce qu’ils sont anxieux et stressés »
1. On ramène à la 1ère personne : « je suis anxieux et stressé donc je fais des reproches »
Ce nouveau schéma de pensée permet de traiter l’information différemment en déjouant les filtres que notre inconscient pose sur les émotions qu’il souhaite refouler.
Le rapport à l’affect exprimer de manière claire instaure une relation saine à nos émotions que nous pouvons davantage cultiver.
Dans un monde qui valorise la performance, rappelons-nous que la véritable richesse réside dans notre humanité.
Cultivons-la, pour nous-mêmes et pour les autres.
À toi de jouer 🧠
Si tu souhaites sauter le pas afin de trouver le psychologue qui te correspond, tu peux faire une demande de recommandation personnalisée.
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