Prendre le temps
- Clément Chaudier
- 21 mars
- 3 min de lecture
L'absence d'écriture, durant quelques mois, est venu questionner le rapport au temps. Et plus particulièrement vers l’idée de : prendre le temps de. Prendre le temps c'est-à-dire :
observer
ressentir
attendre
faire mûrir les réflexions
Accepter de ne pas “délivrer” ; se détourner de la productivité ou de la performance. Bref de ne pas être en mouvement afin de reculer pour mieux sauter.
Impossible et utopique me direz-vous ?
Et pourtant, il est possible de faire autrement
Ralentir ≠ Ne rien faire
On a souvent tendance à associer la lenteur à une forme d'immobilisme.
Comme si ralentir revenait à se mettre sur pause, à s'extraire du monde. Mais en réalité, ralentir, c'est une autre manière d'habiter le temps.
C'est un changement de posture, pas une démission.
Notre société valorise le temps productif, celui qui produit des résultats visibles et mesurables (cocher des tâches, atteindre des objectifs, respecter des deadlines…).
Mais il existe une autre qualité du temps, plus invisible, moins quantifiable : le temps de la réflexion, de l'intuition, de la création.C'est le temps qui ne produit rien tout de suite, mais qui fait germer quelque chose à long-terme.
Les procédés artistiques comme l’écriture ou la musique découlent régulièrement de cette manière de faire.
Le plus difficile n’est pas d’agir de la sorte mais de reprogrammer notre cerveau pour changer la valeur qu’il accorde au temps.
Lenteur rime avec ardeur
Enfin, ll y a une nuance essentielle à souligner quand on évoque la lenteur propre à tous les mouvements de ralentissement (slow sex, slow food, slow-life…).

Il existe en effet deux grands types de lenteur :
la lenteur passive ; c'est celle qui nous paralyse (procrastination, apathie)
la lenteur active ; c'est celle qui nous recharge et aligne avec nos propres rythmes
La lenteur active demande même plus d'effort que la vitesse, car elle suppose de faire des choix conscients.
Dire non à l'urgence et choisir la qualité sur la quantité.
Faire moins mais mieux
“ Less is more” - Mies van der Rohe
Appliquée au temps, ça donne : faire moins, mais faire mieux. Avec plus d'intention.
Or, faire mieux avec plus d’intention est un concept philosophique nommé résonance.
Le principe a été conceptualisé par le philosophe allemand Hartmut Rosa.
La résonance c’est le meilleur moyen de se reconnecter à soi. Il permet d’éviter une forme de déconnexion intérieure à ses ressentis et émotions.
Ne plus être aliéné
Par exemple, on agit beaucoup mais on ne ressent plus grand-chose. On multiplie les expériences (concerts, voyages, échanges) mais sans vraiment y prendre part.
Le monde extérieur nous parle mais nous ne lui répondons pas.
Or, la résonance est par essence opposé au temps productif et utilitaire.
Elle ne peut advenir que dans les temps creux, dans l'attente, dans la contemplation.

Difficile de parler de contemplation sans parler de la notion de paresse, grand mal de notre époque hyper connectée qui consacre une place immense à la “hustler culture” (dépassement de soi).
Pourtant, même la paresse fourmille d’avantages.
La paresse comme outil de créativité
Pourquoi les meilleures idées viennent sous la douche ou en vacances ?
Parce que le cerveau a besoin d’espaces vides pour faire des connexions.
Quand on ne fait "rien", le cerveau active le mode par défaut (Default Mode Network). Les neurosciences montrent qui ce mode favorise :
l’imagination
la mémoire
l’intuition
la créativité
Steve Jobs, Einstein, Dali… tous vantaient les bienfaits de l’ennui créatif.
Reprendre le contrôle
Pour conclure cette réflexion, il me semble intéressant d’introduire la notion de pouvoir.
Réussir à ralentir, c’est avant tout récupérer du pouvoir sur sa propre existence.
C’est un acte fort qui redéfinit un cadre plus respectueux du bien-être en reléguant au second plan les sollicitations extérieures (travail, famille, ami.es…). Dans une société qui valorise la rapidité, prendre le temps de est un acte de résistance :
Résister à l’immédiateté (réponses instantanées, livraisons express, plaisirs immédiats)
Résister à l’urgence (la notion de priorité n’a plus de sens, si tout est prioritaire)
Résister à l’illusion du temps gagné (à quoi bon si on ne l’utilise pas ou mal ? )
Les gens pensent à tord manquer de temps. Or, souvent, le problème ne vient pas de la quantité de temps à disposition.
Mais de la manière d’en jouir.
La qualité des interactions réside davantage dans la perception individuelle propre à chacun de vivre et ressentir les choses qu’aux interactions en elle-même.
Et si le vrai luxe du XXIe siècle, ce n’était pas l’argent, mais le droit à s’accorder du temps ?
À toi de jouer 🧠
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